samedi 3 mai 2008

Quand le hasard s'en mêle


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« Pourquoi écris-tu? »

La question m’a été posée en pleine forêt, par un passionné de livres. À une période de ma vie, où je me demandais si un jour je reprendrais mes activités littéraires. Une rencontre fortuite, qui m’a rappelé que le hasard peut vous éclaircir, même au détour d’un buisson. ;o}


Mon conjoint et moi revenions d’une longue randonnée. La quiétude des lieux nous avait enveloppés toute la matinée. Nous avions bavardé de chose et d’autre, mais surtout de la distance qui s’est installée entre moi et l’écriture.

« Quand vas-tu te remettre à écrire? » me dit-il régulièrement, avec douceur et encouragement, comme pour m’éviter de saboter mon élan créateur. J’avoue : j’ai parfois tendance à me nuire, à ne pas terminer ce que j’entreprends. Pourquoi? J’en sais rien… Est-ce la peur d’aller au bout, de foncer et de réussir? Peut-on avoir peur de sa propre réussite? Ou encore, craindre l’échec? Oh, que si!

Quoi qu’il en soit, si nous n’avons pas confiance en notre talent créateur, nous allons inconsciemment contourner les étapes cruciales de la création. Le laxisme prendra alors la relève et la procrastination deviendra notre béquille. Tout ce beau manège viendra contaminer notre production. Et cette fois-ci, je n’y échappe pas!

J’apprécie ces moments d’échange avec mon conjoint. Son soutien indéfectible me pousse à me dépasser. La marche nous a revigorés. La discussion nous a transportés d’une ardeur renouvelée.

Par contre, le café du matin commençait à manifester des signes incontestables de son ingurgitation. J’ai donc bifurqué vers un cabinet de toilette extérieure. Fort rudimentaire. C’est pas le confort, j’en conviens, mais quand vous avez une envie pressante, y a pas meilleur endroit pour... vous savez quoi. L’espace, grand comme ma poche, n’était pas doté de serrure ni de loquet.

En plein bois, qui s’en soucis? Pfff! On s’exécute et on s’en fou!

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Sauf si vous entendez des bruits de voix qui se rapprochent de plus en plus vers… ledit cabinet. Hiiii! J’aimerais ne pas avoir une imagination aussi débridée dans de pareil moment, et ne pas m’inventer des scénarios qui ne surviennent que dans les films de série Z. Coupant court à mes digressions burlesques, je me suis empressée de sortir de là. Au plus vite!

Si bien que je me suis empêtré le pied dans une racine, perdant du coup et, mon soulier et, mon équilibre. À l’instar d’un funambule, j’ai exécuté une pirouette aussi disgracieuse que ridicule, tentant de rétablir le peu de stabilité qui me restait. Un peu plus, et j’effectuais un vol plané et me retrouvais affalée de tout mon long aux pieds de ces deux randonneurs qui marchaient dans ma direction.

Dieu merci, j’ai réussi à garder mon corps à la verticale! Ouf!

Mine de rien, j’ai souri nonchalamment, comme quelqu’un qui cherche à cacher sa maladresse. Et qui désire prendre la poudre d’escampette. Mais j’ai dû freiner mon élan. Car au même moment, j’ai reconnu l’un des deux messieurs. C’était le papa d’une amie de ma fille.

- Bonjour Anne! me lance-t-il, amical. C’est ici que tu viens chercher des idées pour écrire?

Je rougis. De soulagement. Il n’a pas remarqué ma danse acrobatique! Fiou! Comme je m’apprête à lui répondre, son compagnon ajoute :

- Vous êtes écrivaine? s’informe-t-il, visiblement intéressé.

Et me voilà partie en grande conversation. Je me surprends à ressentir de l’enthousiasme, de la joie face à ce métier. Moi qui n’ai pas écrit une seule ligne depuis longtemps. La conversation se poursuit jusqu’à cette fameuse question : « Pourquoi écris-tu? »

La vie a parfois le don de nous envoyer de ces messages subliminaux…

À suivre…Image hébergée par servimg.com

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah! Anne... je me reconnais tellement dans tout ce que tu écris. Notre relation à l'écriture est loin d'être toujours simple. Et ce n'est pas parce qu'on a réussi à être publiée que tout est réglé, n'est-ce pas?

Après bien des batailles et des années de réflexion, après avoir mis l'écriture de côté plusieurs fois, je suis persuadée qu'on ne peut pas se débarrasser de cette passion. Elle revient nous hanter, elle nous prend au détour, en plein bois parfois! Mais, si ça peut te consoler, je suis aussi convaincue que l'écriture ne peut pas se débarrasser de nous! C'est évident lorsqu'on visite ton blogue et qu'on lit n'importe lequel de tes merveilleux textes.

Et pour ce qui est de laisser tomber le blogue... je crois que c'est le même questionnement que l'on vit par rapport à l'écriture. Ce serait dommage de laisser tomber à présent que le plus gros du travail est fait. Peut-être avons-nous des lecteurs et des visiteurs très discrets qui ne laissent aucune trace de leur passage... Qui sait si l'un de tes messages ne leur a pas fait le plus grand bien? Et, du reste, je suis certaine que ça te fait du bien à toi en premier lieu, d'écrire tous ces textes, non? N'est-ce pas la première raison d'être de ce don que nous avons reçu? La possibilité d'exprimer nos états d'âme, de faire naître à l'extérieur ce qui vit à l'intérieur de nous; la capacité de partager des univers qu'on serait seules à connaître autrement.

Moi, j'ai juste envie de te dire merci de partager ce qui vit à l'intérieur de toi. C'est toujours un grand plaisir de te lire.

Anne Jutras a dit…

Oh, merci Danielle pour ce merveilleux témoignage! C'est si agréable de lire ce genre de commentaire!^^

C'est vrai, lorsque l'écriture s'est glissée une fois dans notre vie, je crois que les liens qui nous unissent à elle sont impérissables. Toutefois, pour la laisser s'exprimer, il suffit de faire confiance. De lâcher prise. Mais, tu sais, pour ma part, il y a plus que l'écriture, il y a ce besoin viscéral de raconter une histoire. De voyager vers d’autres mondes, ceux de mon imaginaire et vivre des aventures.

Et puis, tu as raison, il y a sans doute des lecteurs discrets, je reçois parfois de leur courriel.

Autre point, depuis que j'ai décidé de reprendre l'écriture, les sujets visés pour mon blog semblent de plus en plus nombreux.

L'écriture, dépouillée au début, est devenue volubile!:o}}}

La lecture est la nourriture de l'âme.

La lecture est la nourriture de l'âme.
Un bon livre, une brise fraîche, une histoire exaltante pour nous tenir compagnie, quoi de mieux pour s'évader.