
« La création artistique permet de développer le lien avec l’inconscient, de se mettre en contact avec le plus vaste. En effet, plus nous nous laissons aller à la création, plus nous jetons de ponts vers nos profondeurs, plus notre relation avec ce monde souterrain s’enrichit et nous nourrit à son tour. »
Anne-Marie Jobin, La vie Faite à
Comment stimuler l’accès au grand vaste? À cette partie de l’inconscient si riche en inspirations, en idées, en sensations intuitives. L’énergie créatrice.
Pendant que certaines personnes bâtissent des châteaux en Espagne, moi, je me contente de louer des espaces imaginaires sur la lune. C’est très profitable de voyager sur la lune, sauf quand vous êtes au volant de votre voiture ;]. Vous en tirez une richesse infinie d’idées. D’ailleurs, pour ne rien perdre de cette abondance d’idées - éphémères, j’ai toujours à la portée de la main un calepin, ou mieux encore, un magnétophone. Je n’ai pas de mérite, je suis née avec cette faculté. Cependant, on ne peut passer sa vie à vagabonder sur la lune. À un moment donné, il faut revenir les deux pieds sur terre (sinon qui montera les sacs d’épicerie au troisième étage?). Pour écrire, nous avons besoin de ce côté pragmatique. Qui nous pousse à agir, à poser des gestes concrets, à noircir les pages d’un manuscrit, pour enfin réaliser notre rêve : publier.
Par conséquent, quand nous sommes reliés à cette source d’inspiration, l’écriture devient fluide, rythmée et prolifique. Notre environnement s’efface graduellement cédant la place à un autre univers. L’écrivain disparaît, pour se fondre dans les méandres de l’histoire à naître.
Je vais vous confier un secret… Je ne suis pas continuellement « connectée » à cette belle énergie créatrice. Eh non! Parfois, elle est absente, restreinte pour toute sorte de raisons.
La réalité regorge de stratagèmes pour nous attraper dans ses filets. Les comptes à payer, le gazon qui n’arrête pas de pousser, la poussière qui s’accumule sur les meubles, notre enfant qui nous interrompt pour nous demander où se trouve la paire de bas qu’il a égarée, etc. Pendant ce temps-là, l’ego reste bien branché, se chargeant de nous rappeler la syntaxe du français. Bientôt, à notre insu, la porte se ferme. Le flot d’énergie créateur se rétrécit, et les idées deviennent moins claires, moins abondantes.
Le Grand vaste devient, peu à peu, le p’tit réduit…
J’ai néanmoins trouvé quelques trucs pour m’assurer des périodes d’écriture féconde. Tout d’abord du repos, car je me lève tôt. Trèèèès tôt! Puisque je travaille à temps plein, c’est le seul moment de la journée où je peux disposer de l’ordinateur à ma guise. Les stores verticaux demeurent fermés, autrement je passe mon temps à regarder dehors (au cégep, j’évitais de m’asseoir devant une fenêtre, sinon je loupais le cours;o) Ensuite, je sélectionne une bonne musique, glissent les écouteurs sur mes oreilles, avise mon mental critique que je n’ai pas besoin de lui et je plonge dans l’écriture!
C’est mon rituel quotidien.
Une suite de gestes répétés propice à l’émergence d’idées nouvelles.
Et vous? Quel est votre rituel?
3 commentaires:
Le portrait-type (et cliché) de l'écrivain tapant frénétiquement sur son clavier (ou griffonant page après page, sans effort apparent) n'est pas tout à fait fidèle à la réalité, qui est souvent bien moins romantique et beaucoup plus triviale. C'est comme ça.
Ton truc de te lever très tôt le matin m'a fait sourire. C'est une très bonne idée, si ça fonctionne pour toi c'est génial, mais ça m'a fait penser à une nouvelle que j'ai écrite et qui a été publié dans le Hors-série #1 de Nocturne : "Crématiseur : l'aube du climatiseur".
En gros, c'est l'histoire d'une mère monoparentale qui tente d'écrire une histoire à son fils, et qui doit se lever avant l'aube pour trouver du temps pour pour travailler son texte. À cela s'ajoute un climatiseur hanté (le texte est, en fait, plus ou moins la suite d'une autre nouvelle qui racontait le combat entre un homme et son ventilateur. Je veux faire une trilogie, le troisième texte sera sur une thermopompe démoniaque. Ça a quand même le mérite de n'avoir jamais été fait, à ma connaissance).
Guillaume : J'aimerais bien lire ton histoire de climatiseur, je suis certaine qu'elle me procurerait un vent de fraîcheur;-)
Saïvann : L'aube et le crépuscule sont pour moi des moments rêvés pour faire de la photo, l'automne aussi. Décidément, je deviens accro de la photo.^^'''
Super Saïvann! Il ne faut jamais abandonner nos récits. Comme le mentionnait Guillaume dans un autre billet, elle est en toi, cette histoire, attendant le moment pour naître.
L'imaginaire est un outil inestimable pour la faire mûrir :-)Le temps aussi.
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